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Chez Stéphanie

Stéphanie est professeure d'art visuel, dessinatrice et s'adonne depuis peu à la musique. Mère de deux enfants, elle a choisi de vivre en banlieue parisienne dans une maison offrant un espace extérieur lui permettant de retrouver le contact avec la terre.

Quelle est l'histoire de cette maison ?

 

Ce n'était qu'une carcasse insalubre quand je l'ai achetée il y a six ans. J'ai donné un an de ma vie pour la restaurer. Démolition des murs, électricité, chauffage, plomberie... : j'y ai consacré tout mon temps libre avec les papas de mes enfants et mes amis, mon corps s'en souvient encore !

Est-ce qu'il était important pour toi d'avoir un jardin ? 

 

C'était essentiel. Au départ l'espace était vierge, ce qui était un avantage considérable. Cela m'a permis d'habiter l'espace. Je n'avais pas de projet au départ, j'ai laissé venir à moi les plantes que j'ai apprivoisées au fil des années. J'avais besoin de retrouver le contact avec la terre, mais aussi de recevoir mes amis et de faire la fête. Je ne pourrai plus jamais me passer de mon jardin !

Peux-tu nous le décrire ?
 

Je passe beaucoup de temps dans mon jardin, je fonctionne à l'instinct. Il est entretenu sans être "trop versaillais", j'aime son côté un peu foutraque et sauvage. Pour avoir ce résultat, il ne faut pas s'imaginer qu'on laisse les choses pousser toutes seules ; j'ai compris avec le temps qu'il faut savoir arracher aussi. J'ai écouté beaucoup de jardiniers qui pratiquent la permaculture - dont Gilles Clément que j'apprécie pour sa sagesse et la simplicité de ses entretiens. 

Comment l'as-tu transformé ?

 

À mon arrivée il n'y avait presque rien. Chaque semaine je récupère, je sème, je bouture... J'ai planté un ginko provenant d'une graine que j'avais mise en pot il y a 20 ans et que j'emportais avec moi à chaque déménagement. J'ai aussi repiqué un palmier, des cinéraires, des véroniques, un laurier, des rosiers, un muehlenbeckia...

 

Beaucoup d'essences de mon jardin proviennent d'un cimetière proche. Un ami qui y travaille ramasse toutes les plantes abandonnées par les visiteurs et me les confie : j'ai récupéré grâce à lui 7 cyprès que j'aimerais styliser pour en faire des arbres à nuages. Mon jardin est un jardin de cimetière ! J'aime l'idée d'offrir une chance aux plantes abîmées ou délaissées.

 

Pour la première fois de ma vie, je me suis lancée dans un potager. Une de mes amies m'a aidée, on a appris en faisant. C'était un défi de faire pousser des légumes dont nous avions fait nous-mêmes les plants.

 

Les plus belles fleurs de mon jardin sont les fleurs des légumes : cardon, poireau, artichaut... elles ont quelque chose de magique. Du coup je n'en mange que la moitié pour pouvoir en profiter !


Tu aimes les objets, d'où vient ton goût pour l'art et l'artisanat ? 

 

De mes grands-parents et de mes voyages. Ma grand-mère paternelle était restauratrice de tableaux et de porcelaine, elle adorait chiner. Mon grand-père maternel était antiquaire spécialisé dans l'art du 18ème siècle. Ils m'ont tous deux transmis l'amour des beaux objets. J'ai aussi vécu douze ans à l'étranger, notamment en Afrique, où le rapport à la nature est très différent de chez nous. Je me souviens du son puissant des insectes et des oiseaux dans la brousse. Là-bas, à la saison des pluies, les plantes poussent très vite et transforment les paysages en quelques minutes. Comme les courges de mon jardin qui se développent à une rapidité folle après une averse.

Tu es toi-même artiste, peux-tu nous en dire plus ?

 

J'ai fait mes études aux Arts déco en image imprimée. Mon premier medium est la gravure, puis je me suis mise au dessin. J'ai étendu ma pratique aux objets, pour déplacer le dessin à l'extérieur de la page. À l'annonce du premier confinement, j'ai eu la bonne idée d'acheter 50 bombes de peinture. J'ai dit à mes enfants : "On va peindre les murs du jardin".

Je voulais apporter des tâches de couleur : le mur bleu sous le saule pleureur est inspiré du jardin Majorelle. J'ai en tête

de fabriquer des sculptures en papier mâché vernissé en tête d'animaux pour combler le vide sous les arbres près de la maison, où rien ne pousse. J'aime paysager l'espace. Mon jardin est un peu le prolongement de mes dessins.

Récemment je me suis mise à la musiqueJ'explore des niches qui correspondent à ce que je suis.