
Chez Julie
Professeure de yoga Kundalini, sonothérapeute et photographe, Julie allie ses trois passions à Vitry-sur-Seine où elle s'est installée il y a six ans. Elle y a aménagé et décoré un appartement à son goût, qu'elle loue à des voyageurs de passage : une façon de vivre qu'elle revendique et souhaite transmettre à ses fils.
Quelle est l’histoire de cet appartement ?
J'ai quitté ma région natale, la Bretagne, pour aller vivre à Paris en 1996. Je suis restée longtemps dans le 20e arrondissement. À la naissance de mon deuxième fils en 2012, j'ai suivi son père en banlieue, à Ivry-sur-Seine. Je l'ai vécu comme un déchirement, une fracture : à l'époque, je ne dépassais jamais le périphérique. Aujourd'hui c'est l'inverse, je me rends rarement à Paris, j'y fais seulement quelques sauts de puce. Lorsque je me suis séparée quelques années plus tard, j'ai dû à nouveau déménager. Plus question de retourner à Paris, ma place était ici. J'ai visité cet appartement au premier étage d'un ancien immeuble du centre-ville de Vitry. Le hall un peu désuet me plaisait bien, et les deux chambres situées à l'opposé étaient parfaites pour accueillir des invités. Seul hic : la cuisine toute blanche dans laquelle j'avais du mal à me projeter. L'agent immobilier a eu cette phrase dont je me souviens encore : "Elle a le mérite d'exister". J'ai fait mon offre dans la journée.
Comment l'as-tu aménagé ?
J'ai réalisé tous mes achats sur Le Bon Coin avant même d'avoir les clés. J'avais une idée précise de ce que je voulais, comme la longue table de réfectoire en formica qui me permet de recevoir et travailler, ou encore le billot de boucher qui nous sert de table à manger dans la cuisine, qui est devenue ma pièce préférée. Puis j'ai apporté de la couleur pour jouer sur les volumes et créer des zones. J'ai choisi du vert sauge pour les chambres à coucher, du terracotta pour le couloir et un bleu Tanger pour la porte donnant sur le salon (un mélange de peintures qu'il me restait). J'ai peint les murs, le plafond et les meubles de la cuisine en noir, je voulais une boîte noire un peu à la David Lynch. Puis j'ai ajouté des couleurs nordiques, comme le rose buvard de la crédence, et des claustras en bois pour amener de la chaleur et de la convivialité. Ancienne styliste, je crée des univers de manière spontanée.
Comment définirais-tu l’ambiance qui y règne ?
Cosy. Les teintes douces et l'éclairage tamisé créent une atmosphère enveloppante et invitent à la détente. Cela passe aussi par les odeurs : je vaporise sur le linge de maison des huiles essentielles de ravinsara, lavande et géranimum. Mon intérieur ressemble un peu à un cabinet de curiosité. J'ai toujours été touchée par l'art ; j'aime exposer des objets chinés ou fabriqués par des artistes et des artisans, qui sont chargés en énergie et racontent une histoire.
Tu le loues sur Airbnb, raconte-nous.
Plus jeune, j'ai habité à Londres, je vivais en communauté et j'adorais ça. Mon grand rêve serait d'avoir une maison d'hôte. Alors je commence petit. J'aime partager et rencontrer d'autres cultures ; cela demande de sortir de sa zone de confort, mais aussi une réelle ouverture d'esprit et du cœur. Je veux montrer à mes enfants qu'il n'y a pas qu'une seule façon de vivre. Je reçois des visiteurs du monde entier : Chili, Corée, Allemagne... Partager son petit-déjeuner avec des Espagnols
(qui n'ont pas du tout les même habitudes que nous !), improviser le réveillon du jour de l'an avec deux jeunes allemandes en visite à Paris... J'aime l'idée que des chemins se croisent, cela rend le quotidien plus poétique. Certains invités participent même à mes cours de yoga. Il y a quelque chose de touchant dans ces rencontres, on ne sait pas si on se reverra, mais les souvenirs restent.
Quels conseils donnerais-tu aux personnes qui souhaitent se lancer dans la location ?
Mon conseil serait de faire confiance. Je suis chez moi et j'ai fait le choix de partager mon intérieur. Je n'ai pas de boîte à clé ni un logement Ikéa aseptisé comme on peut le voir sur ce genre de plateforme. Je me tourne de plus en plus vers le home exchange car l'énergie y est différente, c'est un vrai échange.
Quel rapport entretiens-tu avec ta ville, ton quartier ?
Ici tout le monde se connaît. J'adore être dans ma ville, on y croise souvent les mêmes personnes car il y a peu d'endroits pour se retrouver. Il y a une vie de quartier très sympa et un joli partage d'énergie. Mes adresses préférées : L'épicerie de quartier bio Les mains dans la terre ou Chakchouka pour les amoureux de la méditerrannée, les restaurants Bamboche et Les pieds dans le plats où tout est fait maison, Le Kilowatt ou encore La Miroiterie à Ivry pour leurs événments festifs, et l'association Sobarjo, un lieu de culture associative où je donne des cours de yoga Kundalini à prix solidaire.
Ce qui nourrit ta créativité
Les voyages, les rencontres et la rêverie. Et bien sûr mes lectures, la musique et le cinéma. J'aime partir seule, cela me nourrit beaucoup.
Tes influences déco
Mes inspirations proviennent de mes voyages : les tapis de Tanger, les tissus colorés d'Amérique du Sud... J'aime les objets qui racontent des histoires, je déteste le minimalisme ! Quand je rentre d'un voyage, je ramène toujours un vinyle et une fringue.
Un objet qui parle de toi
J'en ai plusieurs : ma coiffeuse années 50 qui a trouvé sa place dans ma chambre et qui m'a été offerte par ma mère à mes 25 ans ; une petite statuette en bois sculptée par mon grand-père qu'il m'a offert quand j'étais enfant ; et un petit miroir Charlotte aux fraises offert par ma grand-mère quand j'avais 8 ans.
Un conseil déco
Laisser parler son cœur, se laisser guider par ses envies, ne pas vouloir reproduire ce que l'on voit dans les magazines. Quand c'est assumé, il n'y pas de faute de goût ! Une maison est la continuité de la personne qui y habite.
Ton mantra
On n'a qu'une vie ! Profiter, se laisser aller et lâcher prise, tout est possible !
Objets d'art
Camille Dunaigre
Tableaux
Ale Abrutin
Camille d'Alençon
Colorlili
Margot Ryzewski
Teinture végétale
Anais Guery
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